Histoire. Il y a 95 ans jour pour jour, la mort de Jacques Vaché place Graslin
Le 6 janvier 1919, dans une chambre de l’Hôtel de France, place Graslin, deux jeunes hommes sont retrouvés morts, victimes d’une overdose d’opium. Ils ont pour nom Paul Bonnet et Jacques Vaché. Mais si le premier est tombé dans les oubliettes du temps, le second, qui vient de succomber à l’âge de 23 ans, va hériter d’une gloire posthume exceptionnelle. La vie météorique de Jacques Vaché est toujours étudiée par des universitaires, des chercheurs et des amoureux de ce curieux personnage. La raison ? Il fut l’ami du créateur du mouvement surréaliste (fondé en 1924), André Breton. Ce dernier était alors infirmier à l’hôpital de la rue du Boccage à Nantes tandis que le soldat (1)Jacques Vaché était blessé au mollet par un éclat d’obus. André Breton en fera son icône, déclarant que Vaché fut celui qui l’inspira pour lancer le plus grand mouvement artistique du XXe siècle. A Nantes, la municipalité via Agnès Marcetteau, directrice de la médiathèque a décidé « d’être exhaustive sur l’ensemble des documents concernant Jacques Vaché ». Parmi les acquisitions, se trouve le télégramme que le médecin chef de l'hôpital Broussais adressa le 19 janvier 1919 à Breton pour lui donner l'adresse de la famille Vaché. La mairie n’a pas hésité en mars 2008 à débourser 155 000 euros pour acquérir une cinquantaine de lettres qui’l écrivit depuis le front. Ces mêmes lettres avaient été publiées par André Breton dans un petit livre intitulé Lettres de Guerre de Jacques Vaché aux éditions du Sans-Pareil en août 1919. Plus récemment, la ville a acheté cette photo pour la somme de 4 000 euros dans la vente de la collection de l’ancien premier ministre Dominique de Villepin.
Jacques Vaché fit aussi partie du « Groupe de Nantes », des lycéens potaches et révolutionnaires nommés Eugène Hublet, Pierre Bissérié et Jean Sarment. Une génération sacrifiée (hormis Jean Sarment, le survivant de la Grande guerre) qui fera l’objet d’une grande exposition en 2016 au château des ducs de Bretagne, musée de Nantes.
Stéphane Pajot
(1) Jacques Vaché était au 19e RI jusqu'en juin 1915 puis au 64e RI. Classé dans les services auxiliaires en 1916 en raison de sa myopie, il sera muté au 19e escadron du train, puis au 14e en août 1918.