Pays de la Loire. Deux adolescentes séquestrées et prostituées à Cholet : elles témoignent
Détournées par une de leur contact Snapchat, deux Choletaises de 15 et 16 ans racontent le calvaire qu’elles ont traversé. Quatre jours à être séquestrée, battues et vendues aux enchères sur le Net.
C’est à cause d’un ex-petit copain oppressant que Fatiha*, une Choletaise de 16 ans, s’était mis en tête de prendre des cours pour apprendre à se défendre. Elle en parle sur les réseaux sociaux et c’est là qu’intervient une jeune femme. « Elle portait le foulard, elle paraissait bien », explique l’adolescente. La femme lui propose justement un cours d’autodéfense. Hillary*, 15 ans, accompagnera son amie. Rendez-vous pris, ce sera mardi 4 juin à 8 h. La femme, prévenante, conseille même aux adolescentes de laisser une lettre pour expliquer leur départ aux parents. Elles embarquent dans la voiture où une autre jeune femme les attend. Direction un camping de Chemillé-en-Anjou. « Au début, on ne se posait pas de question, le chalet avait quatre places, on était quatre et on a même fait du sport. »
Dans un appartement de Vihiers
Elles racontent que d’autres filles d’Angers les rejoignent, mais des gendarmes passent les récupérer. Fatiha et Hillary sont obligées de se cacher dans un buisson. « C’est là qu’on a demandé à rentrer » annonce Fatiha. Mais l’enfer vient de refermer ses portes sur elles. Entre alors en scène le mari de celle qui les a amenés ici. Il est accompagné de quatre autres hommes. Les adolescentes disent qu’elles sont forcées à boire, à fumer de l’herbe. Alors qu’elles sont saoules, le mari emmène Hillary dans sa voiture, s’arrête en rase campagne et la viole.
Le groupe migre vers un appartement de Vihiers. Là, elles disent avoir été réduites en esclavage : elles doivent nettoyer les déjections des chiens sur le sol, déboucher la douche pleine d’excréments et nettoyer les cages. Une de leur compagne d’infortune est battue avant d’être envoyée en ville. « Elle faisait de la prostitution. »
Elle s’échappe par la fenêtre de la chambre
Hillary explique que c’est ce qui l’attend : « Ils ont pris des photos de nous, dénudées et les ont mis sur Wannonce sans montrer la tête ». Le site de petites annonces propose des occasions allant de la perceuse d’occasion à des prestations de massages.
Dans un hôtel premier prix de Rambouillet (Yvelines), Hillary dit avoir été vendue. « 50 € la passe. La femme me disait que comme j’avais couché avec son mari, je devais rembourser 10 000 € ». Elle est bringuebalée de sa chambre d’hôtel à un bois, d’un bois à un autre hôtel. « Une fois, il y a un vieux de cinquante ans qui n’a pas voulu parce que j’étais trop jeune. » Quand elle se rebelle, elle est battue.
Trop amochée, c’est au tour de Fatiha d’enchaîner les passes. Hillary n’est pas épargnée pour autant. Le mari profite de l’absence de son épouse pour annoncer qu’il va la violer, encore. « Il m’avait dit que j’étais sa chose. » Mais elle profite d’une baisse de vigilance de ses tortionnaires pour s’enfuir par la fenêtre de la chambre d’un autre hôtel. Elle se réfugie dans un restaurant de la zone d’activité à proximité de l’hôtel de Barjouville (Eure-et-Loir). Une employée prévient la police. Affamée, blessée, à bout de forces, Hillary est hospitalisée.
Les ravisseurs paniquent
Fatiha, elle, est toujours retenue dans une autre chambre du même hôtel. Les bourreaux paniquent, ils essayent d’envoyer des messages à sa famille pour dire que tout va bien, mais les parents des deux jeunes femmes n’y croient pas. Sur les nerfs depuis la disparition, et alors que les policiers pensent à une banale fugue, ils savent que leur fille est en danger. Hillary retrouvée, les ravisseurs paniquent. « Je pense qu’ils voulaient me tuer » suppose Fatiha froidement. Mais non, il la dépose à Nuaillé, près de Cholet, en pleine nuit.
La police de Cholet annonce avoir permis à la gendarmerie de Lucé, près de Chartres, de retrouver l’un des auteurs incriminés dans l’affaire. Selon la famille des victimes, le mari et un complice sont placés en détention provisoire. La femme est sous contrôle judiciaire. Le procureur de Chartres doit s’exprimer ce mercredi 19 juin en fin de matinée.